François de Roubaix, né le à Neuilly-sur-Seine et mort le à Tenerife, est un compositeur et réalisateur français.
En une dizaine d'années de carrière, il crée un style musical aux sonorités nouvelles. Aujourd'hui, nombre de compositeurs utilisent des échantillons de ses musiques, notamment celle de Dernier Domicile connu.
Biographie
Fils du réalisateur de films institutionnels Paul de Roubaix et de la cinéaste d'animation Mimma Indelli, François de Roubaix développe rapidement une passion pour le septième art et la plongée sous-marine, que pratiquent également ses parents.
Carrière
Débuts en autodidacte
François de Roubaix découvre le jazz en 1954 alors que son père, Paul de Roubaix, produit et réalise des films institutionnels ; le mélange entre musique et cinéma ne le quittera plus. Il achète un trombone d'occasion, et se produit avec des amis, Pierre Richard entre autres, dans des bars parisiens. Doué d'un remarquable sens de la mélodie, il travaille énormément sur les sonorités, la diversification instrumentale et les mariages entre instruments.
Roubaix envisage dans un premier temps de devenir réalisateur, avant de rencontrer Robert Enrico, alors élève de son père. Il compose pour lui la musique de son premier long-métrage, Les Grandes Gueules, en 1965. Il conservera tout de même cette envie de réaliser ses propres films, et obtiendra par ailleurs le César du meilleur court-métrage à titre posthume pour Comment ça va je m'en fous en 1977.
Entrée dans le cinéma
En pionnier, il aménage dans son appartement parisien de la rue de Courcelles un des tout premiers home studios huit pistes dès 1972, où il travaille, finalise ou pose les bases de musiques qu'il complète ailleurs, généralement avec son ingénieur du son Jean-Pierre Pellissier (cordes, batterie).
Il travaille avec toute une génération de metteurs en scène pour le cinéma (Robert Enrico, José Giovanni, Jean-Pierre Melville, Yves Boisset, Jean-Pierre Mocky, Serge Korber…), pour la télévision (Chapi Chapo, Les Chevaliers du ciel, Commissaire Moulin, Pépin la bulle…) mais également pour de nombreuses publicités ou indicatifs (le générique Gaumont, la SNCF, ou les indicatifs de la télévision zaïroise). Parmi ses compositions les plus connues figurent La Scoumoune et Les Aventuriers. Il crée sa dernière musique de film pour Le Vieux Fusil (1975).
Au moment de sa mort, François de Roubaix avait le projet de composer la bande originale du film Le Gitan de José Giovanni, BO qui sera finalement écrite par Claude Bolling.
Mort accidentelle
François de Roubaix trouve la mort dans un accident de plongée sous-marine,. Le drame se déroule au large des îles Canaries où le compositeur est arrivé cinq jours plus tôt avec sa compagne Rosario et son fils Benjamin. Ce jour-là, accompagné de son ami musicien et moniteur de plongée Juan Benitez, il part visiter une grotte sous-marine labyrinthique et réputée dangereuse à 25 mètres de profondeur afin d'y faire des photographies pour l'ouvrage qu'il prépare. Au retour, après avoir fait quelques clichés, les deux hommes se perdent à cause d'une forte turbidité de l'eau provoquée par le soulèvement du sable. Leurs bouteilles d'air se vident avant qu'ils puissent retrouver l'air libre. Ce jour-là, ils avaient commis l'imprudence de plonger sans fil d'Ariane. Sa tombe se trouve dans le cimetière de Los Cristianos, dans la commune d'Arona. Il laisse une fille de dix ans, Patricia de Roubaix, et un garçon de six mois, Benjamin de Roubaix, né de Rosario, sa dernière compagne. Celui-ci est devenu à son tour tromboniste et compositeur.
Le , jour où il aurait dû fêter ses 37 ans, il reçoit à titre posthume le César de la meilleure musique pour le film Le Vieux Fusil. C'est son père, Paul, qui vient chercher le trophée.
Filmographie
Cinéma
Longs métrages
1964 : Strip-teaseuses ou ces femmes que l'on croit faciles de Jean-Claude Roy
1964 : Contrepoint de Robert Enrico
1966 : Les Grandes Gueules de Robert Enrico
1966 : Les Combinards de Jean-Claude Roy
1967 : Les Aventuriers de Robert Enrico
1967 : La Loi du survivant de José Giovanni
1967 : La Blonde de Pékin de Nicolas Gessner
1967 : Le Samouraï de Jean-Pierre Melville
1967 : Diaboliquement vôtre de Julien Duvivier
1968 : Tante Zita de Robert Enrico
1968 : Les Teenagers (documentaire) de Pierre Roustang
1968 : Les Poneyttes de Joël Lemoigne
1968 : Le Rapace de José Giovanni
1968 : Comment les séduire de Jean-Claude Roy (sous le pseudonyme de Cisco El Rubio).
1968 : Adieu l'ami de Jean Herman
1968 : Ho ! de Robert Enrico
1968 : La Grande Lessive (!) de Jean-Pierre Mocky
1969 : Jeff de Jean Herman
1969 : Quarante-huit heures d'amour de Cecil Saint-Laurent
1969 : Les Étrangers de Jean-Pierre Desagnat
1969 : Le Témoin d'Anne Walter et Louis Duchesne
1970 : L'Étalon de Jean-Pierre Mocky
1970 : Dernier Domicile connu de José Giovanni
1970 : Une infinie tendresse de Pierre Jallaud
1970 : Pour un sourire de François Dupont-Midy
1970 : La Peau de Torpedo de Jean Delannoy
1970 : L'Homme orchestre de Serge Korber
1970 : Les Novices de Guy Casaril
1971 : Morgane et ses nymphes de Bruno Gantillon (sous le pseudonyme de Cisco El Rubio)
1971 : Un peu, beaucoup, passionnément... de Robert Enrico
1971 : Un aller simple de José Giovanni
1971 : Les Lèvres rouges d'Harry Kumel
1971 : Les Amis de Gérard Blain
1971 : Le Saut de l'ange d'Yves Boisset
1971 : Boulevard du rhum de Robert Enrico
1971 : Où est passé Tom ? de José Giovanni
1972 : La Guerre d'Algérie (documentaire) d'Yves Courrière et Philippe Monnier
1972 : Chut ! de Jean-Pierre Mocky
1972 : Far from Dallas de Philippe Toledano
1972 : Les Caïds de Robert Enrico
1972 : La Scoumoune de José Giovanni
1973 : Pénélope, folle de son corps d'Alain Magrou
1973 : L'Accalmie d'Alain Magrou
1973 : R.A.S. d'Yves Boisset
1973 : Les Anges de Jean Desvilles
1974 : Trauma (de) de Karl Heinz Zeitler (de) (sous le nom de « Douglas Fithian »)
1974 : Les Suspects de Michel Wyn
1975 : Mais où sont passées les jeunes filles en fleurs de Jean Desvilles
1975 : Le Vieux Fusil de Robert Enrico
1976 : Les Grands Moyens d'Hubert Cornfield
1981 : Minoïe de Jean Jabely et Philippe Landrot
Courts métrages
Télévision
Séries télévisées
Téléfilms
1965 : Théâtre de la jeunesse : La Redevance du fantôme de Robert Enrico
1971 : Les bottes de sept lieues de François Martin
1974 : Padena ou le soir de ce jour-là d'Alain Magrou
1975 : La Mort d'un guide de Jacques Ertaud
Autre
1973 : Le Manège aux images (génériques de début et de fin : Le Rêve de Samba)
Récompenses
Césars 1976 : César de la meilleure musique pour Le Vieux Fusil.
Césars 1977 : César du meilleur court-métrage de fiction pour Comment ça va je m'en fous.
Influence et hommages
En 2000, Robbie Williams utilise la bande originale du film Dernier Domicile connu de José Giovanni pour sa chanson Supreme.
À la fin de 2008, Vincent Delerm lui consacre une chanson, Et François de Roubaix dans le dos, sur son album Quinze Chansons.
En 2012, Benjamin de Roubaix publie un album hommage à son père François de Roubaix, L'Homme des Sables sur lequel il reprend Les Secrets de La Mer Rouge, La Scoumoune, Le Vieux Fusil et Le Saut de l'Ange.
En 2015, pour les 40 ans de la disparition du compositeur, l'arrangeur Fred Pallem et Le Sacre du tympan lui rendent un hommage appuyé dans un album.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
Gilles Loison et Laurent Dubois, François de Roubaix : charmeur d'émotions, Éditions chapitre douze, Paris, Bruxelles, , 567 p. (ISBN 978-2-915345-06-3, lire en ligne).
Daniel Bastié, François de Roubaix, quinze ans de musique pour l'écran, Belgique, Éditions Grand Angle, 2016.
Film documentaire
François de Roubaix l'aventurier, film de Jean-Yves Guilleux et Alexandre Moix, 2007, 52 min.